Español English French Kwéyol

Guadeloupe : L’ultime "show" de Patrick Saint-Eloi

Repris de Carib Créole News [1], partenaire d’AlterPresse

Le Moule (Guaseloupe) 22 sept. 2010. Deux ans après le concert hommage d’Aout 2008 qui avait rassemblé plus de 30.000 personnes, une dernière fois et encore au Moule PSE a encore fait le plein. Des milliers d’anonymes , des dizaines d’artistes, des centaines de personnalités, parmi : lesquelles Marie Luce Penchard, Victorin Lurel , Elie Domota, Jacob Devarieux, les Frères Decimus, sont venues assister à une veillée funèbre, comme il n’y en jamais eu Guadeloupe. PSEmania ou overdose ?

Gabrielle Carabin, députée maire du Moule a de quoi être fière, a deux reprises, elle a réussi, avec ses équipes municipales à gérer des foules importantes. La première fois, c’était en aout 2008, quand à l’initiative de V. Lurel la Région organisait le très prémonitoire concert Hommage à PSE.

Le chanteur, se savait condamné. Quelques amis et musiciens étaient dans la confidence. PSE était trés secret et parlait peu de sa maladie. Elle lui a quand même laissé le temps de préparer sa « sortie » et de régler comme du papier à musique, cet « ultime » show’ qu’il a voulu offrir à ses milliers de personnes qui adoraient ses musiques.

Vers 19H , le cortège funéraire est arrivé à la place de la liberté où des milliers de gens attendaient, depuis la fin de l’après midi. Un cercueil, fermé, avec juste une petite « fenêtre » permettant à sa famille de voir le visage que la maladie avait complètement défait.

Autour du catafalque, un service d’ordre pointilleux mais pas trop, il fallait canaliser la foule des photographes, souvent fougueux alors que la grosse foule, cantonnée derrière les barrières attendait patiemment le moment de venir saluer l’artiste ;

Moment d’émotion et applaudissements chaleureux de la foule quand les principaux musiciens du groupe kassav arrivèrent : Les frères Decimus, Marthely, Jocelyne Beroard, incapable de cacher ses larmes, Jacob Desvarieux, l’air épuisé, les traits tirés....

Une autre forte délégation, celle des artistes martiniquais, : Dédé St Prix, Ralph Thamar, Lea Galva, Thierry Marthely, Guy Vadeluex, Princesse lover. Et puis encore des artistes mais guadeloupéens, cette fois : Jocelyne Labylle , Patrick Parole, Dominique Coco, Benzo, Medhi Custos....

Des VIP politiques aussi : Victorin Lurel un peu à l’étroit, Mary Luce Penchard, Gabriele Louis-Carabin. La nouveauté ? Carabin qui conversait avec M-L Penchard, une scène qu’on imaginait mal, tellement les deux femmes politiques se détestaient. PSE aura -t- il permis une réconciliation, ou n’était ce que du protocole ?

Vers 20H45, nouveau mouvement de foule. Applaudissement nourris. « woulo bravo » ruée des photographes. La délégation du LKP conduite en « live » par Elie Domota en tunique blanche, avec Max Céleste, Nathalie Minatchy, quelques membres d’Akiyo. Un moment très fort de la soirée.

Après avoir salué la famille. Domota rappela qu’en Février 09, en plein LKP alors que PSE était déjà très atteint, il était venu soutenir LKP et avait chanté devant le « BIK ». C’est désormais inscrit dans le marbre. PSE, chanteur engagé ? Porteur de messages ? Quand on se penchera pour une analyse plus profonde de ses textes on saisira alors l’essence et la portée sociale. C’est cela que Domota a tenu à souligner.

La cérémonie protocolaire achevée, la foule a pu défiler autour du cercueil recouvert de fleurs. Seuls les membres du clan familial, ont eu la possibilité de voir une dernière fois le visage de PSE avant son voyage sans retour pour l’éternité.

Depuis Samedi et l’annonce du décès de PSE, la vie a été comme arrêtée en Guadeloupe. La véritable PSEmania qui déferle sur le pays, rappelle comment notre société est encore très proche de ses marqueurs identitaires. En 1984, la mort de Vélo-Marcel Lollia, génial musicien de gwo ka, avait déplacé des foules aussi importantes. Personne à l’époque n’aurait imaginé, que Vélo-le- tanbouyé- sdf, aurait à ce point capté l’attention des foules. Un quart de siècle après, c’est le zouk, et pas n’importe lequel, le zouk-Cari-kréyol. Il faut encore le re dire, PSE a été un fervent défenseur de l’identité créole. Est ce pour cela que les médias étrangers non créolophones ont été si absents ?