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Haiti : L’aventure poétique d’André Fouad

Par Erold Saint-Louis

Soumis à AlterPresse le 7 juillet 2006

L’écriture est fluide sur la feuille blanche qui n’est qu’un canevas, une bouillie d’images, un medium volatil de voyelles subtiles et de consonnes choquantes. Cette écriture magico-réaliste transcende les mots de tous maux qui entravent l’esthétique, et ne laisse que des étincelles d’enjouement intrinsèque chez le lecteur initié à la poésie créole toute moderne et toute prestigieuse. Telles sont les points forts du recueil titré « Etensèl Mo m Yo », d’André Fouad, dont une vente-signature est prévue ce 14 juillet à Miami.

L’histoire et le criticisme littéraire ont toujours tendance à catégoriser dans le même ordre l’oralité, la rhapsodie, l’écriture et la lecture. Le recueil de Fouad unit toutes les forces créatives de l’imagination pour rendre le langage complet et génial, prenant en compte ses chaînons manquants : les dits et non-dits entre les mots.

“ Jodi a ti flè yo frajil
Nyaj yo gaye
Ou ta di yon rado cheve fanm
Nan nich van †(p. 49)

Ils ne sont pas nombreux les poètes à la muse infiniment esthétique et dont les poétiques restent coller à l’âme du lecteur comme un superamas d’images, de souvenirs, voyelles et consonnes qui étonnent. Pas un mot du recueil qui ne soit libéré des entraves et n’ait jeté les masques du pseudo-sémiotique poétique. Cette aventure poétique, cette démarche de l’écrivain en quête de deux grandes valeurs littéraires : l’esthétique et la créativité, surpassent la sublime et fantasmagorique volupté du poète nostalgique et insomniaque :

“ Se nan tou klostra
Mwen pran gade vil Pòtoprens
Li doubout nan tou po m
Zetwal li ban m gabèl
Lè tout zwazo sispann vole †(p. 45)

Une ville, Port-au-Prince, en lambeaux, comme métaphore charnière et catalyseur d’un je-ne-sais-quel déboire, une amertume et invraisemblable haro sur l’état du terroir du poète quasi-solitaire.

L’écriture de ce poète et brillant diseur « est fluide », pour le paraphraser. Cette fluidité de l’écriture créole est bien le pilier du génie du award-winning auteur, André Fouad. « J’écris pour être relu », confirme t-il.

Biographie du poète :

Né sous le signe du taureau un 2 mai 1972 à l’hôpital de Chanterelles Isaïe Jeanty de Port-au-Prince, il a fait ses études primaires chez les frères du Sacré Coeur (1978-1985) et ses études secondaires au prestigieux Collège Canado Haïtien (1985 -1992). Après ses études classiques, il a étudié le journalisme et la communication à l’Ecole Supérieure de Journalisme et de Communication et à l’Institut Français d’Haïti. Fouad est aussi détenteur d’un diplôme en pédagogie de la langue française.

Il a travaillé à titre de présentateur-rédacteur à la section culturelle de la Télévision Nationale d’Haïti (TNH) de 1998 à mai 2001, à la section culturelle du journal Le Nouvelliste et à Récréation Magazine (le magazine des stars) de 1992 à 2002.

Résidant en Floride depuis 5 ans, il travaille pour les magazines Boyo et l’Emergence, basés respectivement en France et aux USA.

Fouad...est un fou de la poésie et de la musique. Il est l’auteur de 3 recueils : Gerbe d’ Espérance (1992), En Quête de Lumière (1992) et Bri Lan Nwit (2000).

La plupart des poèmes de ce samba de l’île d’Haïti figurent dans plusieurs anthologies dont l’ « Anthologie de la Littérature Haïtienne (1901-2001), un Siècle de Poésie », qui a reçu le prix Ouessant 2005 au 6e salon du livre insulaire à Paris (France). Il a reçu un « Award Of Recognition » de la part du maire de la ville de Miami, Alex Penelas, dans le cadre du mois de l’héritage culturel haïtien en mai 2004. Il a également été choisi comme artiste de la saison par l’Alliance Française de Miami dans son agenda pour l’année 2005, publié à plus de 20 000 exemplaires. Il vient récemment de décrocher le 2e prix dans le cadre d’un concours littéraire organisé par le journal franco-haïtien Haïti Tribune (France) au mois de janvier de cette année.

Parolier, poète, diseur, animateur culturel, André FOUAD a été le porte-parole et présentateur de la formation musicale King Posse (1995 - 1999), Boukan Ginen, Boukmann Eksperyans (Café Des Arts, Pétion Ville), Sokute et la chorale évangélique Tek Non Vox de l’Eglise Nazaréen de Pétion ville.