Tous les yeux sont rivés sur l’Allemagne, l’un des plus grands pays européens, qui accueille la 18e édition de la Coupe du monde de football. En Haïti, comme dans d’autres pays où le football se joue dans des conditions ô combien déplorables, les préparatifs vont pourtant bon train. Sur toutes les lèvres : pronostics ! Qui, à la fin, va remporter le trophée : Brésil, Argentine, Allemagne, Ghana, Australie ? Chacun sa certitude !
P-au-P, 8 juin 06 [AlterPresse] --- A Port-au-Prince, comme dans d’autres villes excentrées d’Haïti, les esprits sont surchauffés à quelques heures du coup d’envoi de la 18e coupe du monde de football, qui se déroule en Allemagne du 9 juin au 9 juillet 2006. Partout dans la capitale haïtienne, chacun arbore son petit drapeau représentant l’une ou l’autre des 32 sélections participantes.
A 15 ans, Wesley a déjà regardé deux phases finales de coupe du monde de football. « Mon père était un fan inconditionnel du Brésil. En 1994, j’avais trois ans et sans le savoir je supportais la formation d’Argentine », soupire l’adolescent, aujourd’hui orphelin de père.
Onze années après, Wesley comprend le football d’une tout autre manière. Il dit mettre de côté tout son fanatisme pour se comporter en un véritable analyste de cette discipline sportive très prisée dans le monde.
« Dans cette compétition, il n’y a pas de petites équipes. Je ne peux pas dire si X ou Y va gagner, je vais seulement admirer, à travers mon petit écran, les performances de chacune des différentes équipes », confie-t-il.
Son équipe favorite est cependant celle de l’Argentine, qui a été mise hors compétition dès le premier tour de la dernière coupe en 2002.
Une opportunité pour petits et grands commerçants
Les compétitions sportives, particulièrement la Coupe du monde de football, donnent l’opportunité à des commercants, petits et grands, de dynamiser leurs affaires.
Fanions, t-shirts, lacets de téléphones, bracelets et autres accessoires, symbolisant les équipes les mieux connues, sont exposées un peu partout dans la capitale haïtienne.
Les maillots de certaines formations, considérées comme favorites, sont très demandés et les magasins très achalandés. « J’ai déjà écoulé plusieurs stocks de maillots des équipes du Brésil et de l’Argentine », dit un vendeur, entouré de mordus du ballon rond.
Mercedes, une jeune femme dans la trentaine, vend des maillots et serviettes imprimés aux couleurs du Brésil et de l’Argentine depuis huit ans. « Je mène cette activité depuis 1998, c’est grâce à elle que je nourris mes trois enfants », dit-elle, le visage ruisselant de sueur, sous un soleil de plomb.
Les recettes des marchands d’appareils électroniques (récepteurs de radio, téléviseurs) se sont accrues durant ces dernières semaines. « Jusqu’à présent, la demande est très forte et nous sommes pour le moment en rupture de stock », dit un officier de vente d’un magasin de Port-au-Prince.
La guerre des drapeaux
Les drapeaux des sélections précitées sont très remarqués. Ils flottent sur nombre de voitures, camionnettes et autres véhicules motorisés circulant dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince.
En matière de transport en commun, les couleurs de l’une ou l’autre des principales équipes qui entrent en compétition peuvent motiver ou décourager le choix des passagers. Un jeune homme d’une vingtaine d’années environ refuse de monter à bord d’un minibus dont le camionneur affiche sa préférence pour la formation « albiceleste. »
« C’est mon droit d’être fanatique de l’Argentine, c’est aussi mon droit de faire flotter le drapeau argentin, dit le chauffeur, surexcité. C’est mon droit également de ne pas monter à bord de votre véhicule », rétorque le passager.
En Haïti, certains mordus du foot font difficilement preuve d’une culture de tolérance, oubliant ainsi que le football est un jeu d’association qui exige beaucoup de fair-play.
Ce quadriennal est le deuxième organisé en Allemagne depuis 32 années consécutives. Malheureusement, Haïti n’a pas pu rééditer l’espoir de 1974 lorsqu’elle mena un but à zéro sur l’Italie de Dino Zoff.
Cependant, tout n’est pas perdu pour cette République Caraïbe qui sera représentée en musique par Wyclef Jean.
Cette star haïtienne, de renommée internationale, chantera en duo avec la Colombienne Shakirah, le 9 juillet, lors de la grande finale dudit championnat mondial. [do gp apr 8/06/2006 17:00]